FLASH SUR MATTHIEU

INTERVIEW DE MATTHIEU FOURNEL : IL NOUS RACONTE L’HISTOIRE QUI SE CACHE DERRIÈRE SA PHOTO “GÉOMÉTRIE 3”

Peux-tu nous raconter l’histoire derrière ta photo Géométrie 3 ?

“Cela s'est passé durant la période du COVID, en mai 2020 pour être précis. Je crois que nous étions encore en confinement ou peut-être soumis à un couvre-feu à ce moment-là. C'était également l'époque où la tendance de la photographie minimaliste de rue commençait à émerger. C'était caractérisé par des silhouettes nettes sur des arrière-plans géométriques et très structurés, presque artistiques.”

« La photographie minimaliste de rue nécessite une réflexion plus poussée et une planification minutieuse par rapport à la photographie de rue spontanée. »
— Matthieu Fournel

“Quant à moi, j'avais plus de temps libre à ce moment-là en raison du COVID, alors je me suis investi à fond dans la photographie. C'était l'occasion d'explorer de nouvelles approches, de sortir de ma zone de confort habituelle, qui se concentrait surtout sur la photographie humaniste des années 50. J'ai remarqué cette tendance vers une esthétique plus géométrique et minimaliste, et j'ai eu envie d'essayer quelque chose de similaire. Ce que je trouve intéressant dans ce style de photo c’est qu’il nécessite une réflexion plus poussée et une planification minutieuse par rapport à la photographie de rue spontanée.

Pour capturer ce type de photographie très géométrique, il faut beaucoup de lumière et des formes bien définies, ainsi qu'une silhouette éthérée mais pas trop reconnaissable. Les moments du matin ou du soir sont parfaits pour cela, car ils offrent souvent les conditions idéales en termes de lumière, de formes et de tranquillité.”

“Donc, en mai 2020, je suis sorti vers 09h00-09h30 sous un grand soleil, semblable à aujourd'hui, bien que nous soyons en février. Je me suis dirigé vers le quartier du Marais, en particulier la rue des Blancs Manteaux, puis le quartier des Archives. C'est là que je suis tombé sur ce mur très uniforme, avec une division en deux et un toit en dents de scie en arrière-plan, créant une géométrie intéressante. On aurait dit que Mondrian s’était décidé de faire du noir et blanc d'un coup. 

Il ne manquait plus que la silhouette humaine pour compléter l'image. J'ai attendu patiemment jusqu'à ce qu'une femme passe, mais sa silhouette n'était pas assez évocatrice. Puis, j'ai vu cet homme avec son grand pardessus et son chapeau melon, un peu comme Charlie Chaplin. J'ai réalisé que sa silhouette pouvait être parfaite pour l'image que je voulais capturer.

J'ai attendu qu'il se positionne exactement sous le tuyau au milieu du cadre, ce qui a créé une géométrie presque parfaite. Sa posture, son mouvement et sa silhouette étaient harmonieux et intéressants, ajoutant une touche humaine à la composition.”

« Une silhouette évocatrice, c’est celle qui raconte une histoire à travers son apparence. »
— Matthieu Fournel

Qu’est-ce qu’une silhouette évocatrice ?

“Une photographie, il faut que ça raconte une histoire. L'histoire c'est 50% ce que prend le photographe, 50% ce que le spectateur voit. Une photo, quand on la prend, après ça nous appartient plus. Enfin en partie évidemment, mais ça nous appartient plus.

Une silhouette évocatrice, c'est celle qui raconte une histoire à travers son apparence. Cela peut être un regard, des vêtements, une attitude, qui évoquent quelque chose dans l'esprit du spectateur. Dans le Marais, les gens sont souvent exubérants ou affirment pleinement leur style, même en étant masqués, ce qui rend leurs silhouettes intrigantes.”

Quelles sont tes inspirations ?

“Je me suis inspiré de photographes comme Ernst Haas, qui étaient novateurs dans l'utilisation des formes, des couleurs et de la composition pour créer des images presque picturales.”